mardi 23 février 2010

Un Complot pour le compte des Sionistes ?

Des militaires turcs de haut rang soupçonnés de complot, "situation sérieuse" selon l'armée
(AFP)

ISTANBUL — Une quarantaine d'officiers turcs de haut rang étaient interrogés mardi par la justice sur leur implication présumée dans un complot visant à renverser le gouvernement islamo-conservateur, un développement laconiquement qualifié de "situation sérieuse" par l'armée.

Dix-sept généraux à la retraite et quatre amiraux en activité figurent parmi les 49 militaires interpellés lundi en Turquie et conduits à Istanbul pour interrogatoires, une offensive judiciaire d'une ampleur inédite dans les milieux militaires, autrefois intouchables.

L'ex-chef de l'armée de l'air, le général Ibrahim Firtina, et l'amiral Özden Örnek, ex-commandant de la marine, ont notamment été arrêtés. Ces deux hommes devraient être entendus mercredi par des procureurs, selon les médias.

Les suspects, dont au moins dix étaient interrogés par des procureurs mardi, sont accusés d'avoir cherché à créer le chaos en faisant exploser des bombes dans des mosquées pour déclencher une prise de contrôle par les militaires dans le cadre d'une opération baptisée Balyoz (masse de forgeron).

L'état-major des armées a réagi mardi aux arrestations en indiquant dans un communiqué avoir convoqué une réunion extraordinaire de tous les généraux et amiraux des forces armées pour évaluer l'affaire qu'il a qualifiée de "situation sérieuse". Il n'a pas donné d'autres détails.

La Commission européenne s'est déclarée "très préoccupée" par les "sérieuses accusations" de complot militaire en Turquie et a réclamé que l'enquête à l'encontre des officiers turcs soit "exemplaire", a indiqué une porte-parole.

Le plan Balyoz, fomenté en 2003, avait été révélé en janvier par un journal libéral.

L'état-major avait alors rejeté les accusations de volonté de putsch et dénoncé une campagne de dénigrement, mais avait néanmoins reconnu une existence à ce plan, évoquant un "scénario" de wargame préparé en 2003.

A l'issue de leur interrogatoire, l'ensemble des suspects devraient comparaître devant un tribunal d'Istanbul chargé d'examiner toutes les allégations de complot en vue d'un coup d'Etat.

Les militaires sont soupçonnés de "tentative de renverser le gouvernement par la force" et d'"appartenance à une organisation illégale" à cette fin, écrit la presse.

L'arrestation des militaires, dans un pays où l'armée se considère comme la garante du régime laïque, a attisé les tensions entre partisans du gouvernement du Parti de la Justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) et l'opposition.

Le chef de l'opposition laïque, Deniz Baykal, a vu dans cette dernière opération une volonté du gouvernement de prendre une "revanche politique" sur l'armée.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan s'est refusé à tout commentaire. Il a déclaré lundi que le gouvernement se préparait à réviser le système judiciaire et la Constitution hérités d'un putsch militaire intervenu en 1980.

L'armée turque, qui a démis quatre gouvernements depuis 1960, a vu ses prérogatives diminuer après des réformes du gouvernement AKP (au pouvoir depuis 2002) visant à aligner le pays sur les normes européennes.

L'armée a vu son image ternie à la suite d'enquêtes sur des conspirations présumées contre le gouvernement.

Des officiers, mais aussi des universitaires et des journalistes, figurent parmi les 200 prévenus d'une procédure judiciaire controversée engagée en 2007 contre un réseau, Ergenekon, qui aurait cherché à renverser le gouvernement.

La procédure, saluée à ses débuts comme une avancée démocratique, a perdu de sa crédibilité quand les arrestations se sont étendues à des personnalités connues pour leur seule opposition au gouvernement, accusé de vouloir islamiser la Turquie.

La plupart des cadres de l'AKP étaient membres d'un parti pro-islamiste interdit par la justice en 2008 après avoir été chassé du pouvoir par l'armée l'année précédente.
AFP

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