jeudi 21 janvier 2010

La désillusion des musulmans

Obama un an après

Un an après son investiture à la Maison-Blanche, en tant que premier président noir des Etats-Unis, Barack Obama n'a pas tenu ses grandes promesses, notamment en matière de politique internationale, créant la désillusion auprès de la majorité dans le monde qui avait vu en ses engagements internationaux au Moyn-Orient et dans la lutte contre le terrorisme un renouveau.
L'”Obamania”, qui s'était emparée du monde arabo-musulman notamment après son discours du Caire du 4 juin, perçue comme une «main tendue», s'est estompée.

C'est que sa promesse de l'instauration par les négociations de deux Etats en Palestine est restée en l'état de promesse, prouvant que le lobby sioniste qui l'avait porté au pouvoir dans son pays n'a pas la même vision que lui sur ce dossier.

Il avait en effet demandé devant 3000 invités au Caire «la complète suspension de la colonisation israélienne, mais maintenant il y a un repli de la position américaine face au rejet du gouvernement israélien de geler les colonies». Or les dirigeants israéliens, conduits par l'extrémiste Netanyahu, par leur intransigeance, l'ont contraint à tourner casaque. Un analyste résume bien la situation dans cette partie du Moyen-Orient.

Un triple «niet»
«Depuis un an également, un élément nouveau est intervenu avec le triple refus du gouvernement israélien de mettre un terme définitif à sa politique de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem Est, de reconnaître Jésuralem (El Qods) comme capitale des deux Etats ainsi que de lever le blocus de Gaza», écrit-il.

«Le président Obama, tant dans son discours du Caire que par l'envoi du négociateur George Mitchell dans la région, avait suscité de grands espoirs. A la différence de l'administration précédente, il s'était clairement prononcé pour une solution à deux Etats et a demandé l'arrêt complet de la colonisation.

Il a malheureusement déçu en acceptant par la suite le moratoire israélien sur cette question décisive pour la création d'un Etat palestinien viable», souligne cet analyste déçu.




Le maintien de la population de Ghaza dans une prison à ciel ouvert, et la construction côté égyptien de cette bande d'un mur métallique financé par les Etats-Unis, et dictée par eux, rajoutent auprès des musulmans et d'autres populations libres dans le monde de l'apathie pour la politique extérieure américaine.

Autre dossier noir, l'Afghanistan, où la guerre fait rage depuis un an avec la décision d'Obama d'augmenter les effectifs militaires pour soi-disant éradiquer les talibans qui refuseraient de se plier au dialogue. Non seulement les talibans n'ont pas été vaincus, mais en plus les pertes américaines et occidentales dans ce pays ingouvernable ont cru, tandis que les attentats spectaculaires dans la capitale Kaboul se sont multipliés et se poursuivront à coup sûr.

Echec sur toute la ligne
La politique du premier président noir américain au Pakistan a fait de ce pays nucléaire, déjà mis à rude épreuve, une zone d'instabilité marquée par des tensions violentes au Nord, qui risque de perdurer. Le Pakistan est en effet devenu incontrôlable, et c'est là un grand risque pour toute la région si les Etats-Unis continuent de dicter au pouvoir central «sa» guerre secrète contre l'opposition islamiste armée, soupçonnée de lien avec la nébuleuse Al Qaïda et les talibans.

En Irak, la situation est toujours explosive, malgré sa décision de retirer ses troupes des principales villes de ce pays déchiré et où, à l'image de l'Afghanistan, la corruption est reine. Si dans ce pays, et à la faveur de ce semi-retrait des troupes, Al Qaïda n'a plus beaucoup d'influence sur les groupes qui commettent des attentats, les différents clans politiques qui se disputent le contrôle des richesses du pays, installés par les Américains, poursuivent la destruction par attentats interposés, pour s'imposer, sous le silence de l'administration Obama qui en a, en réalité, le contrôle.

Non seulement Obama n'a pas tendu la main à l'Iran, comme il l'avait promis, pour trouver une solution à ses «ambitions nucléaires», mais ses services de renseignements, aidés par ceux de son allié Israël, ont ouvert un front secret chargé de déstabiliser de l'intérieur ce pays pivot dans la région.

L'Iran depuis la réélection du président Ahmadinejad, ennemi juré de l'entité sioniste, n'a jamais connu autant de manifestations, à coup sûr téléguidées. La nouvelle politique américaine dans la région a ouvert un autre front déstabilisant au Yémen, plongé depuis l'été dernier dans la tourmente.

C'est ainsi que la guerre livrée à la nébuleuse au Pakistan et en Afghanistan et en Somalie a délocalisé les éléments extrémistes dans ces pays sur le Yémen, un pays arabe pauvre et instable dans ses parties Nord et Sud.

Cette délocalisation risque à terme de pousser l'armée américaine déjà en guerre depuis ses bases dans la péninsule Arabique et le Golfe, contre les islamistes installés au Sud, à s'y aventurer par des troupes. Ce qui n'est pas souhaité par la population et les savants religieux du Yémen, qui ont menacé en cas d'envoi de troupes à déclarer le djihad.

Le président le plus impopulaire depuis 1945
En Afrique, malgré le discours rassurant et plein de promesses du Ghana, Obama n'a rien fait pour apaiser les tensions, et les conflits internes, ajoutés aux menaces terroristes et aux trafics en tout genre, ont toujours la cote. L'autre engagement du président américain, celui de la fermeture du camp de non-droit, Guantanamo, avant fin janvier 2010, reste une incertitude.

La fermeture de la prison, qui continue d'abriter quelque 200 supposés ennemis des Etats-Unis, n'est toujours pas officielle, et la décision de transférer une partie de ces détenus à la prison Thomson, dans l'Illinois, tarde à se concrétiser.

De plus, le renvoi dans leur pays d'autres détenus, dont la majorité au Yémen, est un casse-tête, tandis que les pays européens sollicités pour en accueillir ne sont pas tous chauds à répondre à la demande d'Obama. «Tant que nos relations seront définies par nos différences, nous donnerons du pouvoir à ceux qui sèment la haine plutôt que la paix, à ceux qui font la promotion du conflit plutôt que de la coopération», avait dit aux musulmans le président américain au Caire.



Or sa mauvaise politique de lutte contre le terrorisme international menée en solo, pendant que des conflits dans certains pays musulmans s'exacerbaient à cause de cela, ont encouragé les ultras à poursuivre leurs actions terroristes contre les intérêts des Etats-Unis surtout. Ainsi, la tentative d'attentat à la veille de Noël dans un avion se rendant à Detroit, déjoué de justesse, a été une conséquence de cette politique.


Cette tentative a prouvé que les Etats-Unis assimilent tout musulman à un terroriste, une idée née du 11 septembre. Au lieu de réformer ses services de renseignements qui ont fait montre d'un amateurisme primaire alors qu'ils disposaient d'informations sur l'auteur et les intentions de l'auteur de la tentative,

Obama surprend tout le monde en mettant sur la liste noire une douzaine de pays arabes et musulmans, décrétant que tous les ressortissants de ces pays, pourtant considérés «amis», doivent, s'ils entrent aux Etats-Unis, faire l'objet de contrôles sévères portant atteinte à leur dignité d'être humain.

Ce nouvel épisode ajoute de la haine pour ce pays qu'Obama avait dit effacer par un changement de la politique de son prédécesseur. Il n'en est rien, et les Etats-Unis sont toujours dans le collimateur des centaines de millions de musulmans. «Le voilà désormais obligé d'agir avec zèle contre les ennemis invisibles de l'Amérique», dit un analyste, estimant que «la liste noire», dévoilée ces derniers jours, «rappelle étrangement l'Axe du mal inventé par Bush, mais on ne parle pas encore de manichéisme déplacé».

En fait, il s'agit bien de la poursuite de la politique de son prédécesseur. Tout compte fait, aussi bien au plan interne qu'externe, la démarche d'Obama n'est pas approuvée par la majorité de ses compatriotes. 45% désapprouvent sa politique de lutte contre le terrorisme, selon un récent sondage.

Ainsi, selon ce même sondage, «après Ronald Reagan, Barack Obama est le président américain le plus impopulaire, à l'orée de sa deuxième année à la Maison-Blanche, depuis 1945». Et dire qu'il vient d'être nobélisé !

A. M.
Le Temps d'Algérie
http://www.letempsdz.com//content/blogsection/17/51/

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